«Graines de pays»
Un projet pour valoriser sur place la production agricole de toute une région
Un projet pour valoriser sur place la production agricole de toute une région
Créée en 1915, la Société coopérative agricole de Courtételle était, comme de nombreuses coopératives agricoles, une organisation spécialisée dans la vente de semences, de produits de traitement, d’outils, etc. Bien que disposant d’infrastructures pour collecter, trier et sécher diverses céréales, sa survie était menacée par l’arrivée de nouveaux groupes commerciaux. Toutefois, le dynamisme de certains agriculteurs de la région, allié à la volonté des membres de la coopérative de Courtételle, ont permis de développer un nouveau concept profitant à l’ensemble de la région. En effet, les différents éléments de ce projet ont permis de créer un certain sentiment de fierté et d’appartenance parmi les acteurs impliqués, tout en apportant une plus grande notoriété à la région.
A Courtételle et environs, de nombreux agriculteurs cherchent à diversifier leur production, notamment pour s’adapter au changement climatique, ou pour alterner les cultures, de façon à lutter contre l’extension de certaines mauvaises herbes. Dans ce contexte, nombre d’entre eux ont fait des essais et cultivé de nouvelles sortes de graines, comme la chia, le sésame, le cumin, ou ont réhabilité d’anciennes cultures comme celle de la lentille. Face à ce développement, les membres de la coopérative de Courtételle ont saisi cette opportunité, pour traiter sur place ces produits. «L’esprit novateur des agriculteurs nous a poussés à trouver des solutions pour valoriser plus de 40 sortes de graines qui nous ont été proposées. C’est ainsi que nous nous sommes progressivement équipés avec des installations de triage», indique Ignace Berret, gérant de la coopérative. De ce fait, diverses machines ont été acquises entre 2021 et 2023, afin de retirer tous les éléments indésirables, comme des petits cailloux ou des impuretés, de manière mécanique ou optique. Un triage qui est indispensable, afin de pouvoir transformer ces graines ou tout simplement pour les proposer à la vente.
Peter Niederer, membre du jury
Une fois ces nouvelles sortes de graines triées, il restait encore à assurer leur valorisation. C’est dans ce contexte qu’un magasin a été ouvert en 2021, sous le nom d’épicerie «Kilomètre zéro». «Dans un premier temps, nous nous sommes concentrés sur la commercialisation de produits en vrac. La vente de denrées non emballées nous permettait de simplifier le travail, tout en évitant la production de déchets», souligne Ignace Berret. «Par la suite, nous avons élargi notre offre, afin de proposer un grand éventail de marchandises, incluant des produits laitiers, des fruits, des légumes, diverses boissons alcoolisées ou non, etc.» Un choix d’aliments qui ont, à 99%, été produits dans un rayon de 40 kilomètres et qui semblent séduire la clientèle. Cet engouement se ressent, d’une part, par l’augmentation constante du chiffre d’affaires réalisé par l’épicerie. D’autre part, car en plus des personnes individuelles, plusieurs restaurants et cantines se sont intéressés à cette démarche, permettant d’offrir à leurs hôtes de produits typiquement régionaux. D’ailleurs, l’épicerie «Kilomètre zéro» est devenue un lieu incontournable pour les entreprises et milieux institutionnels désirant, en fin d’année, offrir un cadeau original à leurs collaboratrices et collaborateurs.
Quant à l’avenir, plusieurs idées sont en train de mûrir. La principale étant sans doute l’agrandissement du magasin, notamment dans le but d’élargir la palette des denrées proposées. Ignace Berret et son équipe songent notamment à élaborer des produits transformés sur place, à l’exemple d’un muesli qui serait 100% jurassien. Enfin, conscient de l’engouement pour les aliments régionaux, Ignace Berret souhaiterait aussi convaincre des chaînes de distribution d’inclure certains de ses produits dans leur assortiment.