Dans le village de montagne de Tenna, un ski-lift solaire a remplacé l’ancienne installation vieille d’une quarantaine d’années. Ce remonte-pente ne sert pas uniquement à transporter des skieurs mais il produit aussi de l’énergie.
Depuis 1950, la commune saint-galloise d’Uzwill possède l’hôtel Alpenblick à Tenna. Des générations d’écolières et d’écoliers de cette commune sont venus passer quelques jours dans cette région des Grisons. En 1970, le tourisme a connu un essor supplémentaire, avec l’installation du ski-lift. Pourtant, après quarante années d’exploitation, la commune n’était pas disposée à procéder à de nouveaux investissements, afin de renouveler sa concession. Eduard Schaufelberger, agriculteur et ancien responsable politique, était d’un autre avis : « Pour moi il n’était pas pensable de se passer de cette installation. Elle était trop importante pour le tourisme local ». Ainsi, une coopérative, rassemblant surtout les propriétaires des terrains utilisés pour le ski, a été créée en 2001. Le but de ses 200 membres était de maintenir cette offre touristique.
A Tenna, de nombreux toits de maisons et d’exploitations agricoles sont recouverts de panneaux solaires. C’est donc presque tout naturellement que l’idée est venue de construire un ski-lift utilisant de l’énergie produite localement. Toutefois, il a rapidement été constaté qu’il était techniquement très compliqué de recourir aux installations photovoltaïques existantes pour alimenter le remonte-pente. Malgré tout, le comité chargé du projet a poursuivi ses réflexions, avant de rencontrer le constructeur de remontées mécaniques Bartholet à Flums. Ensemble, ils ont développé une installation sur laquelle des panneaux solaires ont été posés. Le courant électrique produit n’est pas consommé directement par le ski-lift, mais il est injecté dans le réseau local. De cette façon, cette énergie peut être commercialisée à bon prix.
C’est en février 2010, lors de l’assemblée générale de la coopérative, qu’il a été décidé, à une large majorité, de construite un ski-lift solaire. Et finalement il a été mis en service en décembre 2011. En tout, cette installation est munie de huitante-deux panneaux photovoltaïques, suspendus en-dessus du remonte-pente. Ces derniers sont reliés à un mécanisme les réorientant en direction du soleil, toutes les dix minutes. Ce système insolite a un rendement de 25% supérieur aux installations traditionnelles. « Nous produisons quinze fois plus de courant que nous n’en consommons », explique fièrement Eduard Schaufelberger. En tout ce sont quelque 100'000 kWh qui sont produits annuellement, soit la consommation d’environ vingt-cinq ménages. Le ski-lift solaire transporte jusqu’à 800 personnes par heure. Une fois au sommet de l’installation, quelque quatre kimomètres et demi de piste s’offrent aux skieurs. « Ce sont avant tout les touristes qui utilisent notre remonte pente », indique Daniel Buchli, caissier de la coopérative. « Par rapport à l’exploitation de l’ancienne installation, nous transportons presque trois fois plus de personnes. » Mais plus important encore, huit autochtones travaillent à temps partiel pour faire fonctionner ce ski-lift. « Nous voulons payer décemment nos employés », souligne Daniel Buchli. « D’autre part, du fait que ce sont des indigènes qui le font fonctionner apporte une touche sympatique et authentique. D’ailleurs nos hôtes apprécient les contacts avec les autochtones. »
